Espace Professionnels de santé

Cet espace est dédié exclusivement aux professionnels de santé concernés par la maladie de Parkinson et n’est pas destiné aux patients.

Nous ne pourrons être tenus pour responsable des conséquences, directes ou indirectes et/ou de tous dommages causés par une erreur ou une mauvaise interprétation des résultats ou des informations fournis par cet espace.

Il s’inscrit dans le projet AGIR-PARK, opération de mécénat du laboratoire Teva.

Troubles comportementaux et Maladie de Parkinson

Dans la maladie de Parkinson, constate chez certains patients l’existence de troubles psychiatriques (Aarsland et al., 2009) et comportementaux tels que la dépression, l’anxiété (jusqu’à 40% des patients ; Leentjens et al., 2008 ; Pontone et al., 2009), l’apathie (Drijgers et al., 2010), les troubles obsessionnels compulsifs ou les addictions. Chez certains patients, les traitements antiparkinsoniens peuvent être à l’origine d’un mésusage qualifié de syndrome de dysrégulation dopaminergique (SDD ; Borg et Bayreuther, 2008 ; Ardouin et al., 2009).

Aborder les troubles comportementaux dans la maladie de Parkinson c’est se poser les questions suivantes :

A quoi sert le bilan psychocomportemental dans la prise en charge des patients parkinsoniens ?

Le bilan psychocomportemental réalisé dans le suivi du patient parkinsonien a de nombreux intérêts. En effet, en premier lieu, il permettra d’objectiver des troubles parfois décrits par le patient lui-même ou par son entourage, ce qui permettra de les expliquer et d’en faire le lien avec la maladie de Parkinson. Cette objectivation permettra à l’entourage de mieux comprendre ces composantes non motrices de la maladie et de mieux les appréhender au quotidien.

Quels sont les troubles les plus fréquemment retrouvés ?

Troubles « psychologiques »

Les troubles psychologiques se caractérisent dans la maladie de Parkinson par la dépression, l’anxiété, l’apathie. Précisons que la dépression et l’anxiété peuvent précéder l’apparition des premiers signes moteurs de la maladie de Parkinson, et corrèlent généralement avec les périodes de « OFF » et les fluctuations motrices.

La dépression toucherait environ 30 à 40% des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. L’existence d’un terrain dépressif est importante à évaluer, car elle peut induire un risque suicidaire. Cependant, le diagnostic de dépression n’est pas simple à poser dans la maladie de Parkinson, du fait de symptômes communs entre la dépression et les troubles parkinsoniens, tels qu’une altération de l’appétit, du sommeil, des modifications pondérales, une diminution de la libido, un ralentissement idéomoteur,…

L’anxiété toucherait jusqu’à 40% des patients parkinsoniens. On recense différentes symptomatologies anxieuses dans la maladie de Parkinson : les attaques de panique, l’anxiété généralisée, la phobie simple, la phobie sociale (agoraphobie).

L’apathie a une prévalence très variable selon les études, elle irait de 17 à 70%. Cette variabilité s’explique par différents paramètres que sont l’existence de troubles cognitifs, dépressifs, le type d’échelle utilisée, et une variabilité inter-cotateur. Le diagnostic de l’apathie est rendu difficile dans la maladie de Parkinson du fait de la co-existence de troubles cognitifs, de troubles dépressifs ainsi que des troubles moteurs. Les troubles dépressifs ont un rôle important dans l’expression de l’apathie, mais ces deux troubles sont indépendants. On recense des cas d’apathie associée à une dépression, des cas d’apathie sans dépression, et des cas de dépression sans apathie dans la maladie de Parkinson. Même s’il est difficile, le diagnostic d’apathie est important du fait de l’impact fonctionnel et cognitif sur le patient.

Troubles « comportementaux »

Les troubles comportementaux observés dans la maladie de Parkinson peuvent comporter des troubles psychotiques, des troubles du contrôle des impulsions, un syndrome de dysrégulation dopaminergique, des troubles du contrôle des émotions.

Les troubles psychotiques se caractérisent dans la maladie de Parkinson par l’apparition d’hallucinations, le plus souvent visuelles, mais également des idées délirantes, une agitation ou un état confusionnel, c’est-à-dire une altération de l’état de conscience avec troubles cognitifs associés faisant suite à des facteurs déclenchants tels qu’un stress, une opération,…

Les troubles du contrôle des impulsions consistent, selon le DSM-IV, en une impossibilité à résister à une impulsion ou la répétition d’une conduite, d’un comportement qui altère de façon significative la vie sociale, professionnelle et familiale. Elles se manifestent dans la maladie de Parkinson par un jeu pathologique, des achats compulsifs, une hyper-sexualité, un punding (c’est-à-dire un comportement stéréotypé, complexe, et stérile, répétitif et compulsif), une hyperactivité nocturne, des prises de risques, des troubles du comportement alimentaire, une créativité ou un bricolage exacerbés.

Le syndrome de dysrégulation dopaminergique constitue une addiction ou prise compulsive et en excès de dopamine. Cela induit un dysfonctionnement physique, social et émotionnel, avec une prévalence estimée à 13.7% chez les patients sous agonistes dopaminergiques. Le syndrome de dysrégulation dopaminergique se manifeste par des comportements stéréotypés, une irritabilité, une intolérance à la frustration, une hypomanie, des idées paranoïdes ou délirantes.

Les troubles du contrôle des émotions peuvent se rencontrer chez certains patients parkinsoniens, en dehors d’un syndrome dépressif diagnostiqué. Ils consistent en une hyperémotivité aux stimuli positifs et négatifs de l’environnement, mais aussi en une dysprosodie émotionnelle. La reconnaissance, l’expression et le reproduction des émotions serait difficile, en particulier chez les patients apathiques.

Comment les évaluer ?

Les troubles psychocomportementaux peuvent être évalués de différentes manières.

D’une part, ceux-ci peuvent être investigués à l’aide d’un entretien semi-directif proposé au sujet ainsi qu’à son accompagnant. Une évaluation « standardisée » peut également être proposée, soit en complément de l’entretien, soit indépendamment.

Trouble Evaluation
Dépression EntretienECMP (Evaluation Comportementale dans la Maladie de Parkinson)

MADRS (Montgomery & Arsberg Depression Rating Scale)

BECK 21 (Echelle de Beck 21 items)

Anxiété EntretienECMP (Evaluation Comportementale dans la Maladie de Parkinson)

BAI (Beck Anxiety Inventory)

HADS (Hospital Anxiety and Depression Scale)

SAS (Zung Self-rating Anxiety Scale)

ASI (Anxiety Status Inventory)

STAI (Spielberger State Trait Anxiety Inventory)

HARS (Hamilton Anxiety Rating Scale)

Subtest anxiété de la NPI (Neuropsychiatric Inventory)

Apathie EntretienECMP (Evaluation Comportementale dans la Maladie de Parkinson)

AES (Apathy Evaluation Scale)

AS (Apathy Scale)

AI (Apathy Inventory)

LARS (Lille Apathy Rating Scale)

Item Motivation/Initiative de l’UPDRS (Unified Parkinson’s Disease Rating Scale)

Item Apathy de la NPI (Neuropsychiatric Inventory)

Trouble du contrôle des impulsions / Addictions EntretienECMP (Evaluation Comportementale dans la Maladie de Parkinson)
Syndrome de dysrégulation dopaminergique EntretienECMP (Evaluation Comportementale dans la Maladie de Parkinson)

ACDD (Autoévaluation des Comportements Dopamine Dépendants)

Trouble du contrôle des émotions EntretienECMP (Evaluation Comportementale dans la Maladie de Parkinson)
Troubles psychotiques EntretienECMP (Evaluation Comportementale dans la Maladie de Parkinson)

Qu’en est-il de la prise en charge ?

Concernant la prise en charge des troubles psychocomportementaux dans la maladie de Parkinson, différentes approches peuvent être proposées selon les troubles présentés.

Ainsi, on pourra, si nécessaire, intervenir directement sur le traitement antiparkinsonien qui peut être à l’origine de certains troubles, en diminuant/augmentant les doses ou en modifiant les molécules.

Une prise en charge psychiatrique (médicamenteux et/ou non médicamenteux) ou psychologique pourra également être proposée au patient.