Espace Professionnels de santé

Cet espace est dédié exclusivement aux professionnels de santé concernés par la maladie de Parkinson et n’est pas destiné aux patients.

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Il s’inscrit dans le projet AGIR-PARK, opération de mécénat du laboratoire Teva.

Troubles cognitifs et Maladie de Parkinson

Dans la MP, les troubles cognitifs peuvent être détectés en l’absence de démence avérée (Manikonyan et al., 2009 : Rodriguez-Ferreiro, 2010) et cela en lien avec les atteintes des voies cortico-sous-corticales et notamment fronto-sous-corticales impliquées dans la cognition. La notion de MCI (déjà usité dans la maladie d’Alzheimer) est utilisée pour rendre compte de ces patients présentant précocement des troubles cognitifs (en moyenne 26.7% de patients parkinsoniens MCI selon les auteurs). Celui-ci concernerait plus fréquemment un domaine cognitif (MCI « single domain ») plutôt que plusieurs domaines (MCI « multiple domain ») (Janvin et al., 2006 ; Caviness et al., 2007 ; Manikonyan et al., 2009). Une grande proportion de ces patients évoluerait vers une démence. Cette démence « sous corticale » a la particularité de s’inscrire dans un contexte moteur invalidant et représenteraient de 20 à 40% selon les auteurs (Mahieux & Fénelon, 2006).

Critères du MCI (Mild Cognitive Impairment)

  1. Plainte mnésique, corroborée par l’entourage
  2. Altération objective de la mémoire
  3. Fonctionnement cognitif général normal
  4. Activités de la vie quotidienne intactes
  5. Absence de démence

Aborder les troubles cognitifs dans la maladie de Parkinson c’est se poser les questions suivantes :

A quoi sert le bilan NP dans la prise en charge des patients parkinsoniens ?

Le bilan NP prend tout son intérêt dans :

  1. la contribution diagnostique  face aux différents syndromes parkinsoniens (Pillon, B. et al., 1996 ; Funkiewiez et al., 2005). Cette contribution peut être importante quand les troubles moteurs débutent et sont peu spécifiques, ou quand la pathologie est avancée et que les troubles moteurs sont inclus dans une pathologie démentielle.
  2. le suivi et l’orientation des patients quand leur autonomie décline. Les éléments cognitifs et/ou comportementaux peuvent en effet  avoir un retentissement sur l’autonomie du patient (Butterfield et al., 2010).
    Exemple : Impact des troubles cognitifs et comportementaux (comme l’apathie) sur la compliance médicamenteuse.
  3. le bilan préchirurgical de la MP : Cette intervention nécessite une sélection minutieuse des patients étant donné les implications des noyaux sous thalamiques dans le fonctionnement cognitif.
    Exemple : Critères  principaux d’inclusions :

    • Absence de phase de déclin spécifique
    • Atteinte dysexécutive non importante
    • Profil en mémoire épisodique non amnésique
    • Absence de démence avérée

Quels sont les troubles les plus fréquemment retrouvés ?


De façon générale il semble que les fonctions instrumentales de type gnosies, praxies, langage et calcul soient préservées. Par contre plusieurs domaines cognitifs sont fréquemment rapportés comme étant altérés dans la littérature. Il constituerait ce que nous pourrions qualifier de profil FeVAViM.

Fonctions exécutives (Fe)

Ces troubles sont en lien avec le déficit des boucles fronto sous corticales engendrant par un phénomène de diachisis des éléments dysexécutifs. D’après plusieurs auteurs (dont Dujardin et al., 2007) on constate généralement :

  • … des difficultés de planification : du fait d’une diminution d’utilisation des stratégies d’organisation la planification serait possible mais plus difficile et plus coûteuse. Ces difficultés seraient liées à un fort terrain apathique.
  • … une sensibilité à l’interférence pouvant être liéeau ralentissement moteur et à un faible niveau d’éducation (Weintraub et al., 2005).
  • … des difficultés de flexibilité
  • … des difficultés de coordination en situation de  double tâche.

Visuo spatial (V)

Les données concernant les capacités visuo spatiales sont discordantes.  Les patients Parkinsoniens semblent être moins performants que les sujets sains et l’interprétation de cet échec peut par contre être multifactorielle. Se pose en effet la question sur les activités proposées :

  • … de l’impact du ralentissement moteur ?
  • … des troubles attentionnels ?
  • … des troubles perceptifs précoces ? (Mahieux et Fénelon, 2006 ; Dujardin et Defebvre, 2007).

Attentions (A)

La vigilance, l’alerte, les capacités d’attention soutenue seraient préservées.

L’attention focalisée et l’attention divisée seraient par contre déficitaires et ce dès le début de la maladie (Dujardin et al., 2007). Enfin, les fonctions attentionnelles visuospatiales apparaissent déficitaires (Rodriguez-Ferreiro et al., 2010).

Vitesse de traitement de l’information (Vi)

Un ralentissement psycho moteur caractérise la MP même si la distinction entre le ralentissement idéatoire et le ralentissement moteur puisse être parfois difficile.  L’allongement des temps de prises de décision, présent précocement dans la maladie, s’aggraverait progressivement (Dujardin et al., 2007).

Mémoires (M)

Mémoire de travail : Celle-ci peut être déficitaire du fait de difficultés d’allocation stratégique des ressources attentionnelles au niveau de l’administrateur central. De plus la manipulation d’informations spatiales serait également difficile. Ces résultats restent toutefois fluctuants. (Dujardin et al., 2007 ; Mahieux et Fénélon, 2006).

Mémoire épisodique : L’existence d’un déficit exécutif entraîne une altération de la mémoire à long terme du fait de difficultés de récupération spontanée (Rodriguez-Ferreiro et al., 2010). Un manque de stratégie d’encodage ainsi que des difficultés de recherche autonome en mémoire seraient observés (Mahieux et Fénélon, 2006 ; Dujardin et al., 2007). Les processus de stockage, de consolidation seraient satisfaisants.

Mémoire procédurale : Les patients seraient moins performants et plus lents dans ces épreuves à composante motrice importante.

Comment les évaluer ?

Le tableau ci-dessous résume l’ensemble des tests neuropsychologiques préconisé dans l’évaluation des patients atteints de MP. Il n’est pas exhaustif et est donné à titre indicatif pratique.

Fonctions Test psychométriques
Efficience générale Echelle de démence de MattisMMSE (Mini Mental State Examination)

MMP (Mini Mental Parkinson)

Moca (Montréal Cognitive Assessment)

Capacités visuo spatiales 15 objets de PillonBatterie VOSP de Warrington et James

Figure de Rey

Mémoires Paradigme de Brown PetersonTest de rappel libre/rappel indicé à 16 items (Grober et Buschker)

Empans auditivo verbaux de la WAIS III

Blocs de Corsi

Figure de Rey (rappels immédiats, différé, reconnaissance)

Attentions Batterie d’évaluation de l’attention de Zimmerman et Fimm (TEA)
Fonctions exécutives Batterie frontale BREFTour de Londres

Test de Stroop ; Go no Go

WCST (Wisconsin Card Sorting test)

TMT (a et b)

Fluences verbales de Cardebat

Séquences graphiques et motrices

PASAT (Paced Auditory serial Additionnal Test)

Double tâches de Baddeley

Facteur générale : Vitesse Partie A du TMTSubtest « Code » de la WAIS III

Partie « Lecture » du Test de Stroop

Qu’en est-il de la prise en charge ?

La réhabilitation cognitive fait référence aux méthodes utilisées :

  • … pour maintenir les capacités résiduelles des patients parkinsoniens
  • … pour enrayer ou différer le déclin des capacités cognitives (notamment au niveau de la mémoire, de l’attention, des fonctions visuo-spatiales…).

L’objectif premier est de maintenir les activités occupationnelles et sociales du patient afin d’aider à la prévention de ses capacités cognitives.  Globalement, on distingue trois prises en charges différentes : la stimulation cognitive, l’entraînement cognitif et la réhabilitation cognitive.

  1. La stimulation cognitive est un terme employé pour désigner l’ensemble des activités groupales qui est utilisé pour optimiser le fonctionnement social et cognitif de façon générale.
  2. L’entraînement cognitif est une approche plus centrée sur une fonction cognitive en particulier abordée grâce à un programme d’entraînement spécifique.
  3. La réhabilitation cognitive désigne une approche très individualisée qui se concentre sur le fonctionnement quotidien du patient en terme d’activités. Des moyens de compensation sont en partie utilisés pour diminuer la situation de handicap vécu.

Les études publiées concernant le « training » cognitif sont toutefois très rares  et préconisent un entraînement sur une courte période et adapté aux besoins de l’individu. Le même manque de recherche concerne la réhabilitation cognitive qui reste très peu envisagée dans le cadre des maladies neurodégénératives.

En pratique, il n’est pas proposé aux patients de prise en charge spécifique compte tenu du caractère nécessairement « écologique » du suivi. L’accent est en effet mis sur la nécessité de proposer aux patients une thérapie adaptée à domicile, en collaboration avec leur entourage, afin de réduire les situations d’échec et d’amoindrir le handicap  (thérapies centrées sur les activités pouvant être notamment mises en place par les ergothérapeutes). A l’avenir, il serait toutefois nécessaire de développer spécifiquement des programmes de prise en charge afin de déterminer la réelle efficacité de ses différentes stratégies rééducatives.