Espace Professionnels de santé

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Il s’inscrit dans le projet AGIR-PARK, opération de mécénat du laboratoire Teva.

Neuropsychologie

En dehors de la symptomatologie motrice, les patients atteints de la maladie de Parkinson peuvent également présenter un ensemble de troubles à la fois psychocomportementaux et cognitifs, et ce en dehors de toute atteinte globale du fonctionnement conduisant à une démence.

Les troubles cognitifs dans la MP

Les dysfonctionnements cognitifs caractéristiques de la MP sont en lien étroit avec l’atteinte des voies cortico-sous-corticales et notamment fronto-sous-corticales impliquées dans la cognition (Pillon et al., 1996). Ces troubles sont fréquents et ce même à un stade précoce de la maladie, notamment dans le cadre des nouveaux diagnostiqués (Rodriguez-Ferreiro, 2010) et en dehors de tout état de démence avéré.

L’utilisation de la notion de MCI (Mild Cognitive Impairment) a permis de rendre compte de ces troubles cognitifs rapportés par le patient,  objectivables dans les tests analytiques mais sans encore de répercussions sur le plan fonctionnel (Caviness et coll., 2007). Une grande partie de ces patients évoluerait vers une démence (Janvin et al., 2006 ; Rodriguez-Ferreiro et al. 2010).

De façon générale il semble que les fonctions instrumentales de type gnosies, praxies, langage et calcul soient préservées. Par contre plusieurs domaines cognitifs sont fréquemment rapportés comme étant altérés dans la littérature. Il constituerait ce que nous pourrions qualifier de profil FeVAViM.

Les troubles cognitifs les plus fréquents peuvent en effet concerner :

  • Les fonctions exécutives (« Fe ») : difficultés de planification, sensibilité à l’interférence, difficultés de flexibilité et decoordination en situation de double tâche…
  • Le traitement des informations visuo-spatiales (« V ») : Les résultats restent discordants quant aux capacités visuo spatiales des patients et ce notamment parce que si les troubles existent ceux-ci peuvent avoir des origines multiples (troubles attentionnels, troubles perceptifs précoces, etc).
  • L’attention (A) : les déficits les plus fréquemment rencontrés concernent essentiellement l’attention focalisée, l’attention divisée (Dujardin et al., 2007 ; Mahieux et Fénélon, 2006) et les fonctions attentionnelles visuo spatiales. Une distractibilité est également fréquente.
  • La vitesse de traitement de l’information (« Vi ») : La bradyphrénie propre aux démences  d’origine sous corticale paraît être présente dans la MP et ce même si elle est encore discutée notamment au niveau des mécanismes physiopathologiques sous jacents. Cette diminution de la vitesse de traitement de l’information se manifeste de façon aspécifique dans toutes les activités par une diminution des temps de prise de décision notamment (Dujardin et al., 2007) .
  • La mémoire (« M ») : Ces troubles concernent principalement : …
    • … la mémoire de travail : En lien avec le dysfonctionnement exécutif global du patient parkinsonien une atteinte de cette mémoire est observée (Dujardin et al., 2007 ; Mahieux et Fénélon, 2006). Ce déficit consiste en des difficultés d’allocation stratégiques des ressources attentionnelles sur le plan de l’administrateur central ainsi que de manipulation d’informations visuo spatiales.
    • … la mémoire épisodique : le déficit concerne les processus stratégiques de récupération spontanée, processus exécutifs par définition (Rodriguez-Ferreiro et al., 2010). Les autres processus mnésiques permettant l’encodage d’une part et le stockage d’autre part semblent préservés.
    • … la mémoire procédurale : les sujets seraient moins performants  car plus lents dans ce domaine exigeant une composante motrice importante associée à la mémorisation.

A ces troubles cognitifs peuvent s’ajouter des difficultés psycho comportementales dont le profil varie également sur le plan qualitatif et quantitatif d’un patient à une autre.

En bref, l’atteinte des voies cortico sous corticales et notamment fronto sous corticales peut engendrer chez le patient atteint de la maladie de Parkinson un ensemble de troubles cognitifs avec au devant du profil un dysfonctionnement exécutif pouvant avoir un impact sur l’ensemble des activités du patient. Les profils observés restent toutefois hétérogènes. Ces profils s’échelonnent depuis l’absence de troubles cognitifs jusqu’à un état de démence avancée, en passant par le stade MCI.

Les troubles psycho comportementaux

La maladie de Parkinson est une pathologie neuropsychiatrique. Les troubles psychiatriques sont également très fréquents et peuvent parfois précéder l’apparition des troubles moteurs (Thobois et al., 2010). Classiquement, on décrit chez le patient parkinsonien la présence de troubles dépressifs, anxieux ainsi que d’une apathie. La distinction entre ces différents troubles n’est pas toujours évidente, de même que la dissociation entre les symptômes relevant de la maladie de Parkinson (ralentissement,…) et ceux relevant de la sphère psychiatrique est souvent difficile. Certains sujets parkinsoniens peuvent également souffrir de troubles dits « psychotiques », qui seront généralement mis en lien avec une dégradation de la maladie ou l’apparition d’une altération neurocognitive.

Si certains symptômes neuropsychiatriques appartiennent à la maladie de Parkinson, l’apparition de certains comportements peut être lié au taux de dopamine apporté au patient par l’intermédiaire de son traitement antiparkinsonien. Ainsi, on observe chez certains patients des troubles hyperdopaminergiques versus des comportements hypodopaminergiques. Des troubles du contrôle des impulsions (addictions) ou des émotions (hyperémotivité, dysprosodie émotionnelle) peuvent également être observés. L’ensemble de ces symptômes psychocomportementaux de la maladie de Parkinson a un effet négatif sur la qualité de vie du patient ainsi que sur ses capacités d’adaptation sociale (Thobois et al., 2010). Il est donc important et nécessaire de s’y intéresser et de les évaluer, car ils ne sont généralement pas spontanément rapportés par le malade lui-même, au contraire des signes plutôt physiques de la maladie. L’illustration de Thobois et al. (2010) symbolise bien cette caractéristique des troubles psychocomportementaux, qui constituent la partie immergée de l’iceberg, au contraire des symptômes physiques, qui en sont la partie émergée.

En bref, la maladie de Parkinson s’accompagne de troubles psychocomportementaux divers pouvant toucher les patients. Ces troubles ont généralement une pathophysiologie liée aux dysfonctionnements dopaminergiques et non dopaminergiques, et peuvent dans certains cas être directement influencés par les traitements antiparkinsoniens. Cependant, si ces troubles ont un impact fonctionnel important, ils ne sont pas pour autant rapportés spontanément par les patients, pour lesquels les troubles moteurs sont au premier plan de la gêne dans la vie quotidienne, mais il est nécessaire de rechercher la présence de ces troubles psychocomportementaux afin de pouvoir les prendre en charge et améliorer potentiellement la qualité de vie des malades.